samedi 18 février 2012

Vacances hivernales



Il y a une quinzaine de jours, nous nous préparions (mon compagnon, nos deux enfants et moi) à partir en vacances dans le sud-ouest. Je ne quittais pas mon foyer sans appréhension : tenue éloignée de la plupart de nos moyens de communication modernes, il me serait sans doute impossible de poster le moindre article sur ce très jeune blogue. Aurais-je seulement le temps d’écrire la moindre ligne ? Ce silence soudain allait-il décourager mes premiers visiteurs, persuadés que le projet, faute de sérieux de la part de son créateur, était mort avant d’avoir un peu vécu ? Baste (comme on dit en Haute-Loire) ! A moi de prouver que ces pages sont bien vivantes, à peine mes valises rangées, je me remettrai au travail sans coup férir, avec de nouvelles idées, de nouveaux livres, une tripotée d’auteurs (méconnus ou non) à portraitiser, de la matière sous d’agréables formes, tenez bon, lecteurs ! Je reviendrai !
On excusera cette brusque poussée d’arrogance. J’ai bien conscience que Cartons Pleins ! (el blog) n’a pas encore gagné le titre de phare illuminant les ténèbres, loin s’en faut. Mais pour que le projet se poursuive, se développe et ait un jour la chance de ressembler un tant soit peu au mirage qui flotte dans ma caboche, il faut de l’ambition (et un peu d’humour…).
Bref. J’avais décidé de mettre ces deux semaines d’absence à profit en m’appliquant à lire certains auteurs que j’avais jusqu’ici, un peu hâtivement, relégués dans une sorte de purgatoire littéraire d’où je n’avais jamais été très impatiente de les en sortir. Jean-Christophe Grangé en faisait partie : après avoir lu l’un de ses best-sellers il y a environ deux ans, je l’ai directement envoyé dans un autre cercle des enfers où il cuit aujourd’hui tranquillement avec Mary Higgins Clark, Patricia Highsmith, Marc Lévy et Anna Gavalda (entre autres). La trilogie de Millenium, Laurent Gaudé et Delphine de Vigan continuent de flotter dans les eaux brumeuses du « je ne connais pas et n’ai pas envie de connaître ». La vie est une affaire de choix, et les bons bouquins sont déjà trop nombreux pour qu’on puisse tous les lire.
Pour quelques écrivains, cependant, j’ai toujours éprouvé un peu de remords. Chacune de mes razzias en librairies s’achèvent immanquablement par une petite pensée pour tous ceux, toutes celles, que je n’ai toujours pas choisis, non, pas cette fois, et dont on continuera à me parler sans qu’ils éveillent le moindre écho dans ma mémoire. Etrangement (j’entends déjà les hurlements d’effroi de certains), Maxime Chattam en faisait partie.
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, Chattam est un auteur français élevé au bon grain américain, de longue date passionné par la psychologie criminelle (qu’il étudia fort consciencieusement), à tel point qu’il n’a pas résisté à nous faire profiter de son immense savoir en la matière en faisant publier quelques pavés de thrillers horrifiques qui ont rencontré un tel succès qu’on le décrit comme l’un des maîtres de la discipline. Soit. J’ai donc fait l’acquisition de La trilogie du mal, regroupant trois de ses œuvres les plus célèbres, et en ai commencé la lecture la veille de notre départ après avoir mis de côté bon nombre de mes a priori. Je ne ménagerai pas plus longtemps le suspense : j’ai tenu soixante pages. Soixante pages de souffrance, puisqu’il m’est apparu dès le premier paragraphe que M. Chattam, non content d’écrire avec les pieds, était un formidable créateur d’aphorismes arlequinesques, et de personnages tellement épatants, charismatiques et « beaux du dehors comme du dedans » qu’on était immédiatement pris du désir d’en adresser copie à Guillaume Musso pour inspirer son nouveau chef d’œuvre. Je serai bien incapable de vous raconter toute l’histoire élaborée par Chattam : peut-être était-elle excellente, certains critiques l’affirment. Il ne suffit pourtant pas de tenir une bonne intrigue pour en faire un bon roman, Bernard Werber et Pierre Bordage nous l’ont prouvé en de maintes reprises… (non, franchement… Le père de nos pères… vous plaisantez ?). Je suis pour ma part absolument incapable d’entrer dans une histoire, aussi passionnante fût-elle, si la qualité de son écriture n’est pas au moins équivalente. Il ne s’agit malheureusement pas d’une opinion tellement répandue, sinon certains écrivains de best-sellers ne seraient jamais sortis du caniveau…
Mon instinct m’avait tenu éloignée de Maxime Chattam pendant dix bonnes années : c’était un signe, j’aurais du y être plus attentive. Car la littérature est moins affaire de sentiment que d’intuition. Pas de pitié pour les auteurs ! Et pour les médiocres, pas de regret…
Après ma mésaventure Chattam, j’avais besoin d’un peu de réconfort : je l’ai trouvé avec l’excellent dernier manuscrit de Westlake, Mémoire Morte, dont je ne manquerai pas de vous parler dès que je l’aurai fini, ce qui n’est plus qu’une affaire de jours, à présent.

PS : je suis fermement décidée à ne plus établir de programme hebdomadaire. Je servirai dorénavant mes articles les uns après les autres, au rythme de mes lectures. Comme on dit dans les romans : « j’ai charge d’âme(s) ». Alors, patience !

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