Il y a une
quinzaine de jours, nous nous préparions (mon compagnon, nos deux enfants et
moi) à partir en vacances dans le sud-ouest. Je ne quittais pas mon foyer sans
appréhension : tenue éloignée de la plupart de nos moyens de communication
modernes, il me serait sans doute impossible de poster le moindre article sur
ce très jeune blogue. Aurais-je seulement le temps d’écrire la moindre
ligne ? Ce silence soudain allait-il décourager mes premiers visiteurs,
persuadés que le projet, faute de sérieux de la part de son créateur, était
mort avant d’avoir un peu vécu ? Baste (comme on dit en
Haute-Loire) ! A moi de prouver que ces pages sont bien vivantes, à peine
mes valises rangées, je me remettrai au travail sans coup férir, avec de nouvelles
idées, de nouveaux livres, une tripotée d’auteurs (méconnus ou non) à
portraitiser, de la matière sous d’agréables formes, tenez bon, lecteurs !
Je reviendrai !
On excusera
cette brusque poussée d’arrogance. J’ai bien conscience que Cartons
Pleins ! (el blog) n’a pas encore gagné le titre de phare illuminant les
ténèbres, loin s’en faut. Mais pour que le projet se poursuive, se développe et
ait un jour la chance de ressembler un tant soit peu au mirage qui flotte dans
ma caboche, il faut de l’ambition (et un peu d’humour…).
Bref. J’avais
décidé de mettre ces deux semaines d’absence à profit en m’appliquant à lire
certains auteurs que j’avais jusqu’ici, un peu hâtivement, relégués dans une
sorte de purgatoire littéraire d’où je n’avais jamais été très impatiente de
les en sortir. Jean-Christophe Grangé en faisait partie : après avoir lu
l’un de ses best-sellers il y a environ deux ans, je l’ai directement envoyé
dans un autre cercle des enfers où il cuit aujourd’hui tranquillement avec Mary
Higgins Clark, Patricia Highsmith, Marc Lévy et Anna Gavalda (entre autres). La
trilogie de Millenium, Laurent Gaudé
et Delphine de Vigan continuent de flotter dans les eaux brumeuses du « je
ne connais pas et n’ai pas envie de connaître ». La vie est une affaire de
choix, et les bons bouquins sont déjà trop nombreux pour qu’on puisse tous les
lire.
Pour quelques
écrivains, cependant, j’ai toujours éprouvé un peu de remords. Chacune de mes
razzias en librairies s’achèvent immanquablement par une petite pensée pour
tous ceux, toutes celles, que je n’ai toujours pas choisis, non, pas cette fois,
et dont on continuera à me parler sans qu’ils éveillent le moindre écho dans ma
mémoire. Etrangement (j’entends déjà les hurlements d’effroi de certains),
Maxime Chattam en faisait partie.
Pour ceux qui
ne le connaîtraient pas encore, Chattam est un auteur français élevé au bon
grain américain, de longue date passionné par la psychologie criminelle (qu’il
étudia fort consciencieusement), à tel point qu’il n’a pas résisté à nous faire
profiter de son immense savoir en la matière en faisant publier quelques pavés
de thrillers horrifiques qui ont rencontré un tel succès qu’on le décrit comme
l’un des maîtres de la discipline. Soit. J’ai donc fait l’acquisition de La trilogie du mal, regroupant trois de
ses œuvres les plus célèbres, et en ai commencé la lecture la veille de notre
départ après avoir mis de côté bon nombre de mes a priori. Je ne ménagerai pas
plus longtemps le suspense : j’ai tenu soixante pages. Soixante pages de
souffrance, puisqu’il m’est apparu dès le premier paragraphe que M. Chattam,
non content d’écrire avec les pieds, était un formidable créateur d’aphorismes
arlequinesques, et de personnages tellement épatants, charismatiques et
« beaux du dehors comme du dedans » qu’on était immédiatement pris du
désir d’en adresser copie à Guillaume Musso pour inspirer son nouveau chef d’œuvre.
Je serai bien incapable de vous raconter toute l’histoire élaborée par
Chattam : peut-être était-elle excellente, certains critiques l’affirment.
Il ne suffit pourtant pas de tenir une bonne intrigue pour en faire un bon
roman, Bernard Werber et Pierre Bordage nous l’ont prouvé en de maintes
reprises… (non, franchement… Le père de
nos pères… vous plaisantez ?). Je suis pour ma part absolument
incapable d’entrer dans une histoire, aussi passionnante fût-elle, si la
qualité de son écriture n’est pas au moins équivalente. Il ne s’agit malheureusement
pas d’une opinion tellement répandue, sinon certains écrivains de best-sellers
ne seraient jamais sortis du caniveau…
Mon instinct
m’avait tenu éloignée de Maxime Chattam pendant dix bonnes années :
c’était un signe, j’aurais du y être plus attentive. Car la littérature est
moins affaire de sentiment que d’intuition. Pas de pitié pour les
auteurs ! Et pour les médiocres, pas de regret…
Après ma
mésaventure Chattam, j’avais besoin d’un peu de réconfort : je l’ai trouvé
avec l’excellent dernier manuscrit de Westlake, Mémoire Morte, dont je ne manquerai pas de vous parler dès que je
l’aurai fini, ce qui n’est plus qu’une affaire de jours, à présent.
PS : je
suis fermement décidée à ne plus établir de programme hebdomadaire. Je servirai
dorénavant mes articles les uns après les autres, au rythme de mes lectures.
Comme on dit dans les romans : « j’ai charge d’âme(s) ». Alors,
patience !
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